Hier, des habitants avec le Collectif du Franc-Moisin à Saint-Denis ont posé une banderole sur la place Rouge, qui dit : « Avril-Mai-Juin, suppression des loyers ». Absent ce dimanche, je suis arrivé trop tard pour participer au rassemblement, mais je suis passé voir la banderole.
On aurait tort de considérer cette démarche à la légère. Parce que bien au-delà de la seule revendication affichée, elle pose le bon niveau des mesures à prendre dans « le Monde d'après » la crise du Covid-19. Au niveau qu'il faut si on veut tirer véritablement les conséquences de ce qui s'est passé durant ces deux derniers mois. Et réparer les injustices que subissent les populations de notre ville et notre département.
On ne peut pas faire le constat que la population de notre département —et notre ville— ont payé un tribut significativement plus lourd au Covid-19 que le reste de la France. Et se contenter de verser des larmes.
On ne peut pas analyser —fort justement— que cette sur-mortalité a directement à voir avec les bas revenus, la pauvreté, les petits logements (insalubres souvent), l'accès aux soins dégradé, le réseau hospitalier et de santé en souffrance, les conditions de travail difficiles et précaires ; bref, des conditions de vies plus dures ici qu'ailleurs. Et continuer à faire comme avant, en particulier en matière de revendications.
Il serait également indécent d'avoir applaudi tous les soirs les personnels soignants, caissières, livreurs, rippeurs, etc. : tous ces premiers de corvées envoyés en première ligne pour qu’une majorité d’entre-nous puisse se confiner. Et ne pas considérer qu’ils habitent bien plus massivement les villes et quartiers populaires comme de notre 93 que dans le 16è arrondissement de Paris. Et d'imaginer que nous en serions quittes avec des distributions de médailles en chocolat.
Deux mois de confinement ont frappé durement de nombreuses familles fragiles de notre ville. Faut-il rappeler que le revenu médian des dionysiens est de 1200 € quand il est de 1700 € en France ? À l’issue de cette crise, dans les semaines et les mois qui viennent, certaines vont plonger dans une spirale de l'endettement. C’est cela qu’il faut éviter.
Et ce dont il est question maintenant —si vraiment nous voulons un « Monde d'après » différent de celui « d'avant »— c’est d’en finir avec les mesures cosmétiques, les aménagements bricolés sur des coins de tables pour arrondir les angles.
Faute de quoi aussi, nous savons déjà qu’une seconde vague du covid ou une nouvelle crise frappera à nouveau durement les habitants de notre département et fera de gros dégâts humains. Avec les mêmes effets puisque les mêmes causes n’auront pas été supprimées.
Pour en revenir précisément à la suppression des 3 mois de loyers demandés sur la banderole de Franc-Moisin, évidemment je n'imagine pas que les offices HLM puissent supporter seuls cette annulation. D'autant que cette suppression de 3 mois de loyer, il faudrait l'obtenir pour bien d'autres locataires de notre ville que ceux de Franc-Moisin. Il va falloir obtenir que l’État assume ses responsabilités. Ce n’est pas gagné.
Mais dans le courrier qu’ils ont adressé —selon le DAL— au ministre du logement, les maires de notre territoire nelui demandent rien sur cette question. Dans ces conditions, c’est une certitude : ils ne risque pas d’obtenir quelque chose puisqu'ils ne le demandent pas ! Pour que le « Monde d'après » ne ressemble pas au « Monde d'avant », il faut prendre la mesure de ce qu'il faut changer. Et ce qu'il faut changer en premier pour ces élus du Monde d'avant (À qui les citoyen-ne-s ont exprimé leur défiance par des taux d’abstention massifs en mars dernier), c'est de braquet ! Ça aussi c’est n’est pas gagné…