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C’est par un communiqué aussi laconique que discret que la municipalité de Saint-Denis a choisi de banaliser vendredi la découverte d’armes, de drogue et de seringues cachés dans l’espace jeunesse De Geyter. Et s’emploie depuis à renvoyer la responsabilité à l’État en éludant la sienne. Noyant le poisson dans son communiqué par une formule toute faite : « la drogue reste un poison qui touche durement la commune de Saint-Denis (…/…) plus que jamais la bataille contre les trafics doit s’intensifier. » C’est vrai : l’eau ça mouille et le feu ça brûle.
Mais les faits sont gravissimes. Car chacun peut comprendre que si de tels objets illégaux ont été dissimulés dans un local municipal, c’est parce que ceux qui les y cachaient s’y sentaient assez en sécurité pour les y dissimuler ! Et pensaient pouvoir les y retrouver ! C'est sans doute ça le plus préoccupant.

Ceci étant, sur un point précis l’exécutif municipal a raison : la responsabilité de l’État est écrasante. Qui en toute connaissance de cause ne déploie pas dans notre ville les moyens indispensables pour assurer la tranquillité de ses habitants.

Et cette défaillance des politiques publiques de de sécurité de l’État à Saint-Denis est très largement partagée : Sous Hollande par les gouvernements successifs du PS (Avec qui —selon Le Point de la mi-octobre— le PCF négocie actuellement une alliance pour le premier tour des élections municipales à Saint-Denis). Et par le gouvernement actuel du président Macron (Pour qui le toujours président de Plaine Commune, membre du PCF et de la majorité municipale, Patrick Braouezec, a fait campagne lors du dernier scrutin présidentiel).

De fait, les cris d’orfraie locaux du PS comme des partisans de Macron sont donc très oublieux de leurs propres responsabilités. Et ils sont mal placés pour donner des leçons. Mais il faut bien convenir aussi que les rappels de l’exécutif municipal à la responsabilité de l’État manquent de crédibilité.

Ces précisions étant faites, je veux assurer ici de mon estime les milliers d’agents communaux de Saint-Denis —et particulièrement ceux du service jeunesse— que ces faits graves risquent de salir. Je connais leur engagement au quotidien pour nos concitoyens et concitoyennes. Je sais qu’ils sont choqués et inquiets. Je tiens à les assurer de ma solidarité et leur dire ma confiance.

Sur les faits eux-mêmes je m’en remets aux enquêtes de la police et la justice, à qui il revient de faire toute la lumière et de trouver les responsables. Mais leur action ne saurait servir de prétexte à l’inaction municipale. Et encore moins à taire toutes les questions que posent ces nouveaux faits sur la gestion de notre service public communal.

Car si la sécurité publique en général et la lutte contre la drogue et les trafics qui gangrènent notre ville en particulier sont essentiellement du ressort de l’État, la sécurité de notre service public communal et des locaux municipaux est bien de la responsabilité directe du maire et de son équipe.

Dans une ville gangrénée par la drogue, les trafics et des dérives mafieuses, les locaux communaux doivent constituer un sanctuaire ; un havre de paix et de tranquillité pour les habitants et les usagers. Ce n’est à l’évidence pas le cas.

Et force est de constater que dans notre ville et notre service public communal, de tels faits arrivent avec une récurrence préoccupante. Et que trois ans après l’alerte majeure qu’a été la découverte de 500 kg de résine de cannabis au Centre technique municipal (CTM) de Saint-Denis, le maire Laurent Russier et son exécutif ont été incapables d’en tirer les leçons. Et de mettre en œuvre les mesures appropriées.

Ce n’est d’ailleurs pas tant qu’ils n’en aient pas été capables : ils ne l’ont pas voulu. Car les réponses qu’ils ont apporté alors n’ont été qu’une longue succession d’enfumages.

Au lieu d’examiner la responsabilité de la chaîne hiérarchique, l’exécutif municipal s’est acharné sur des lampistes avec des mesures dilatoires. Déclenchant la plus longue grève de l’histoire du service communal de notre ville.

Au lieu de sévir à de demander des comptes au directeur général adjoint en charge du CTM dont c’était la responsabilité de savoir et d’agir, et dont les faits démontraient qu’il avait failli dans sa mission, Laurent Russier l’a promu chef de toute l’administration municipale.

Au lieu de tirer les conclusions (en leur retirant leurs délégations) qui s’imposaient concernant ses deux adjointes au maire —Fabienne Soulas, en charge du CTM et Florence Haye, en charge du personnel communal—, qui avaient la responsabilité de savoir et d’agir et qui avaient de toute évidence elles aussi failli, Laurent Russier les a confirmé dans leurs responsabilités.

Au lieu d’engager un vrai travail lucide et transparent pour comprendre les dérives administratives et politiques qui avaient pu conduire à ce que le CTM soit utilisé pour entreposer des centaines de kilos de drogue ; et de mettre en place les procédures administratives et de sécurité adéquates, l’exécutif municipal a payé à prix d’or un retraité pour mener une « enquête administrative » indigente. Puis sapé le travail de la commission d’information et d’évaluation sur le CTM dont j'ai été à l'initiative et qui lui a été imposé contre sa volonté par le conseil municipal.

On voit aujourd’hui le résultat !

Les leçons de ce qui s’est passé en 2016 n’ont pas été tirées. Il est d’ailleurs édifiant que l’élue en charge de la jeunesse —le service au cœur de la tourmente actuelle—, soit aussi l’élue en charge du personnel communal. Qu’après le scandale du CTM en 2016 Laurent Russier avait choisi de confirmer dans ses responsabilités.

Dans ce contexte, l’enquête administrative annoncée aujourd’hui dans le communiqué est une farce ! Parce qu’elle sera menée par l’administration, celle-là même qui a une nouvelle fois failli. Et qu’elle le sera sous le contrôle des élu-e-s qui ont démontré une nouvelle fois qu’ils ne sont pas au niveau des enjeux.

Les faits survenus à l’espace jeunesse ne sont pas une fatalité. Ils auraient pu être évités. Ils  ne l’ont pas été.

Pour tous nos concitoyens et concitoyennes qui assistent effarés à ce triste spectacle, aussi bien que pour le personnel communal dont l’honneur risque d’être à nouveau entaché et pour notre ville dont l’image est une fois de plus ternie, nous avons un devoir de vérité, de lucidité et de transparence. Et le devoir d’agir.

Des mesures d’urgence s’imposent.

Face à la délinquance, aux trafics, à la drogue, aux dérives mafieuses, il est évidemment indispensable d’en appeler à la responsabilité de l’État.

Mais je demande un audit rapide —assorti de recommandations— complet de tous les locaux municipaux, de leurs usages, de leurs procédures de sécurité et de contrôle des accès et utilisations.

Je demande que cet audit soit indépendant et conduit sous le contrôle d’un « comité d’usager » du service public communal. Un tel comité était un engagement —non tenu— de la majorité municipale dans son projet municipal en 2014 (Document « Ensemble nous sommes Saint-Denis », page 6), que j'ai notamment rappelé publiquement en mars 2017.

Par ailleurs je demande à l’exécutif municipal et à l’administration générale de tirer sans attendre les conséquences de leur incurie. En retirant leurs responsabilités et délégations à l’élue en charge de la jeunesse ainsi qu’aux cadres fonctionnels supérieurs de la chaîne hiérarchique du service jeunesse.

Quant à la responsabilité du maire Laurent Russier, elle est à l’évidence également engagée. Il lui revient d'en tirer lui-même les conclusions qui s'imposent. Faute de quoi il apparaît de plus en plus vraisemblable à moins de 6 mois des élections municipales que les électrices et les électeurs les tireront à sa place.

 

Tag(s) : #Saint-Denis, #Conseil municipal, #Jeunesse, #Sécurité, #CTM, #Laurent Russier, #Florence Haye, #Fabienne Soulas, #Drogue, #Service public, #Personnel communal
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